Violation flagrante des droits humains ce matin en marge du SMSI

2005-11-16 00:00:00

Tunisie • 14/11/2005 10:13 Sous les yeux incrédules de participants au Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), des journalistes et défenseurs des droits humains tunisiens se font bousculer, insulter, puis frapper violemment.

Lundi matin, 14 novembre 2005, 9h30, place d’Afrique à Tunis. Plus de trente policiers en civil attendent avec impatience des délégués internationaux et tunisiens, membres de la société civile. Omar Mestiri, directeur du magazine en ligne Kalima (µhttp://www.kalimatunisie.com) et membre fondateur du conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT) se fait prendre à partie dès son arrivée sur les lieux où devait avoir lieu une réunion du comité coordonnateur du Sommet Citoyen sur la société de l’information (SCSI). Abreuvé de coups et d'injures, M. Mestiri a gardé le calme, avant de pouvoir se défaire du groupe de policiers en civil.

Les trente hommes en civil s’en sont pris d’abord à Om Zied, la rédactrice en chef du magazine Kalima, une publication qui fait des enquêtes sur la corruption, documente les atteintes aux droits humains, relève les disfonctionnements du système judiciaire tunisien et faits de société. Face à une agressivité sans borne de la part des autorités sur place, Om Zied, membre du CNLT, un organisme appuyé entre autres par la section hollandaise d’Amnistie International, se fraie un chemin vers un taxi et quitte les lieux.

Les forces de l’ordre crient, bousculent et tentent d’intimider physiquement les journalistes tunisiens sur place. Lorsque les membres d’ONG internationales comme l’Association pour le progrès des communications (APC), Human Rights Watch, l’Institut danois des droits humains et autres représentants de la société civile tentent de s’interposer, les policiers écartent et bousculent à leur tour les délégués internationaux. « Ils m’ont prise, puis fortement secouée au moment où je cherchais à appeler au calme » explique Anriette Esterhuysen, directrice exécutive d’APC, excédée.

« Il y a démocratie en Tunisie, mais celui-là, c’est une mauvaise graine » crie l’un des policiers avant de rouer Omar Mestiri de coups sur l’oreille, puis dans le dos. Plusieurs taxis sont appelés puis une fuite est possible.

Cet article est écrit d’un appartement du quartier Passage, dans centre de Tunis, où le CNLT a son siège permanent. Là, le téléphone est bloqué, plusieurs sites ne sont pas même accessibles. Le permanent et chercheur du CNLT, le sociologue Sami Nasr nous explique que ces mesures de répression sont chose courante, mais évoque que « cette brutalité policière est particulièrement virulente contre des initiatives comme le SCSI ».

Cet événement en marge du SMSI, relié à ce dernier mais tenu à l'extérieur du palais des expositions, est une initiative co-organisée par des ONGs indépendantes tunisiennes, la presse libre de Tunisie et d’ONGs internationales. L’événement, qui est fortement mis sous pression des autorités tunisiennes, se préoccupe de questions relevées dans le SMSI mais qui n'ont pas eu de résonnance ou d'impact significatif dans les négociations sur la gouvernance d'internet. Les droits humains et la liberté de la presse en font partie. « Nous ne sommes pas prêts de laisser ces intimidations bloquer notre volonté démocratique, le SCSI aura lieu » ajoute enfin Mestiri, d'un ton décidé.

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Enlaces informativos sobre la CMSI (Túnez 2005)