SMSI : Un consensus controversé maintient le statu quo de l'internet

2005-11-16 00:00:00

TUNISIE - Le sommet mondial sur la société de l'information (SMSI) démarre ce mercredi avec un document de compromis approuvé à l'unanimité après plusieurs mois de négociations infructueuses.

Le document a été salué tard mardi par une ovation peu enthousiaste. Le malaise survient parce que le statu quo de l'Internet a été maintenu, permettant à l'ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) basée aux Etats-Unis, une entité privée à but non lucratif travaillant dans le cadre d'un accord avec le gouvernement américain, de demeurer le principal conseil d'administration du réseau informatique mondial.

''Très satisfait du résultat'', a déclaré à Terra Viva, l'ambassadeur David Gross, coordonnateur américain de 'International Communications and Information Policy' (Politique internationale des communications et de l'information).

Thembe Phiri de l'Afrique du Sud, qui avait fait pression en faveur d'une administration multinationale de l'Internet, a dit ''qu'un esprit de compromis a prévalu'', mais a ajouté que le Sud n'avait pas renoncé à sa quête d'une voix plus forte dans l'avenir de l'Internet.

L'issue va probablement vexer des groupes de la société civile qui se sont rassemblés à Tunis et ont été frustrés par des mesures de sécurité impressionnantes qui ont isolé des délégués, journalistes étrangers et des organisations non gouvernementales venant de groupes locaux. Les pays en développement, l'Union européenne et des groupes de la société civile avaient souhaité un compromis sur l'ouverture de l'ICANN à plus de contrôle international. L'organisation est largement perçue comme étant sous tutelle américaine.

Dans la suite du document de compromis, les discussions sur la gestion d'Internet -- l'une des questions les plus combattues depuis la première phase du sommet à Genève il y a deux ans -- sont laissées aux forums indépendants, dont les décisions ne seront pas obligatoires. Le premier forum du genre se tiendra en Grèce l'année prochaine, a déclaré le responsable américain.

Proposé comme ''la solution'', le Sommet mondial sur la société de l'Information est en train d'accentuer le problème : l'impasse politique Nord-Sud dans la réduction de la fracture numérique Nord-Sud.

Tous sont d'avis que l'Internet possède un potentiel énorme pour le développement en général, y compris dans la santé, le commerce et la gouvernance parmi un tas de questions critiques. Mais comme cela a été mis en évidence dans les préparations difficiles pour le sommet, la Division Nord-Sud l'a emporté sur la gestion future de l'instrument que la société civile appelle ''un espace public global qui devrait être ouvert et accessible à tous sur une base non discriminatoire''.

''L'Internet … doit être perçu comme une infrastructure publique mondiale'', affirme 'Association for Progressive Communications' (l'Association pour les communications progressistes - APC), un réseau international d'organisations de la société civile. ''A cet égard, nous reconnaissons l'Internet comme étant un bien public mondial et l'accès à cela est dans l'intérêt du public, et doit être fourni comme une prestation publique''.

Toutefois, à la veille du sommet de 173 nations, il est devenu apparent, dans un bourbier de concessions mutuelles de dernière minute parmi des délégués harcelés, que le point de vue du Sud n'aurait aucune emprise.

Malgré une pression résolue de l'Afrique du Sud, de l'Iran, du Venezuela, de Cuba, du Brésil et d'autres du monde en développement, les pays développés, les Etats-Unis et l'Australie dans l'ensemble, avaient tenu bon contre toute action qui aurait pu transférer des pouvoirs de l'ICANN basée aux Etats-Unis. La société gère le ''domain name system'' (DNS) permettant à des millions d'utilisateurs d'ordinateurs de communiquer entre eux, à travers le monde.

Le secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan a qualifié le Sommet de Tunis ''d'unique'', parce qu'il examinera ''la meilleure façon d'utiliser un nouvel atout mondial'', plutôt que de se focaliser sur les menaces globales, comme l'ont fait la plupart des sommets mondiaux.

En fait, il y a beaucoup plus à dire sur le Sommet que sur la gestion de l'Internet, même si ce sujet a éclipsé les autres.

Un grand nombre de sociétés sont venues pour étaler les nouveautés en matière de technologie de l'information et de la communication. Plus de 300''événements parallèles'' et de tables rondes sont en train de se tenir, et des partenariats entre entreprises privées et communautés locales pour rendre l'accès à l'Internet moins cher et plus disponible en Asie, en Afrique et en Amérique du sud sont en train d'être mis en vitrine. Un projet montre l'énergie solaire fournissant le courant pour des ordinateurs dans des endroits où la production de l'électricité est coûteuse.

Yoshio Utsumi, directeur général de l'Union internationale des télécommunications et secrétaire général du Sommet, fait pression en faveur d'un projet d'un milliard de dollars, dénommé 'Connecter le monde pour permettre à 800.000 villages d'accéder à l'Internet'.

http://www.ipsterraviva.net/tv/tunis/viewstory.asp?idnews=361

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Enlaces informativos sobre la CMSI (Túnez 2005)